À la télévision, le Tour de France est un rendez-vous incontournable. Chaque année, les plus beaux paysages de France défilent sous nos yeux. Les commentateurs nous éclairent sur le patrimoine et les coureurs sillonnent un paysage de rêve. Outre les images, le Tour de France est irrémédiablement associé aux divers commentateurs qui ont fait son histoire.
De Léon Zitrone à Robert Chapatte en passant par Thierry Adam, les commentateurs ont fait à leur manière l’histoire de la course. Mais n’oublions pas qu’ils ont pu se faire un nom grâce aux progrès de la technique, car l’introduction de la télévision sur le Tour de France est une aventure en elle-même.
Les débuts de la télévision sur le Tour de France
La télévision arrive sur le tour de France dans les années 40. Mais la couverture de l’évènement est extrêmement limitée. À cette époque, les caméras embarquées n’existent pas, car le matériel est beaucoup trop lourd. On se contente d’installer une caméra au sommet d’un col et de filmer le passage des coureurs en plan fixe. Puis on remballe la caméra et on la place sur la ligne d’arrivée. Jusque dans les années 60, c’est la radio qui est le moyen de retransmission phare de la compétition.
C’est dans les années 60 que le téléspectateur plonge véritablement dans la course. À cette époque, on assiste aux premières caméras embarquées dont les images sont relayées par un hélicoptère survolant la course. C’est aussi la période où Michelin sort ses pneus haute pression. Les premiers grands commentateurs sportifs émergent : Robert Chapatte et Léon Zitrone à l’ORTF, de 1959 à 1974.
De 1975 à 1986, TF1 et Antenne 2 retransmettent le Tour. Ce sont les années Pautrat et Leulliot. Depuis le début des années 90, ceux sont France Télévision et Eurosport qui diffusent l’évènement. En 2013, les drones font leur apparition sur les routes : grâce à eux, les téléspectateurs peuvent admirer le patrimoine historique national sous divers angles. Par contre, ces engins volants ne sont pas (encore) utilisés pour couvrir la course.
Les commentateurs du Tour qui sont restés dans l’histoire
Grâce à leur talent d’orateur ou de comique, les commentateurs font partie intégrante de l’histoire du Tour de France. Certains sont restés dans les mémoires pour de mauvaises raisons, mais tous partagent une passion indéniable pour le cyclisme.
Robert Chapatte, le précurseur qui a inventé le métier de commentateur
Robert Chapatte a été la voix du Tour de France de 1960 à 1966 à l’ORTF et sur Antenne 2 entre 1976 et 1988. De 1989 à 1994, il a partagé l’antenne avec Patrick Chêne. Si Chapatte a marqué l’histoire du Tour, c’est avant tout pour sa connaissance très pointue du cyclisme : il a été coureur professionnel dans les années 1940. En 1949, il a été le premier coureur à répondre en direct à une question à la télévision.
Chapatte, comme beaucoup de commentateurs par la suite, était profondément chauvin.
Sur le tour 1970, entre Saint-Gaudens et La Mongie, alors qu’il couvrait l’épreuve pour la radio, il s’approche d’un jeune coureur qui avait été appelé en renfort à la dernière minute, et lui souffle à l’oreille que ses adversaires sont dans le rouge et qu’il doit absolument attaquer. Ce jeune coureur de 22 ans, c’est Bernard Thevenet.
Surpris, ce dernier prend Chapatte au mot et lance son attaque. Ses adversaires ne le suivent pas et Thevenet remporte l’étape.
Sa victoire ne fait pas partie des plus belles échappées du tour mais elle a révélé Thevenet au grand public
Sur son dernier Tour de France, en 1994, Chapatte quitte l’épreuve dans les Pyrénées, car il ne se sent pas bien. Ce sera sa dernière apparition en tant que commentateur de l’épreuve. Il mourra en 1997 à l’âge de 74 ans.
Leon Zitrone, l’artiste et le comique au service du vélo
Zitrone reste à tout jamais associé aux années 1970. Il a véritablement donné ses lettres de noblesse au cyclisme grâce à un talent d’orateur hors norme. Il était capable d’utiliser l’imparfait du subjonctif et des expressions familières dans une même phrase. Selon lui, un sport aussi populaire que le vélo a le droit d’entrer au panthéon de la culture française.
Zitrone a commenté 6 fois le Tour de France et on lui doit des punchlines comme « il est sorti du diable Vauvert pour réapparaître aux premières loges de la bataille de juillet ». Il était doté d’un talent hors norme pour improviser et pour meubler les longues séquences où il ne passait rien du tout.
Tout ce qu’il commentait été un succès : des courses hippiques aux Jeux olympiques en passant par les mariages princiers ou les grands évènements de l’histoire.
Zitrone était doté d’une énorme personnalité et d’un caractère obsessionnel qui ne plaisait pas à tout le monde. Malgré tout, au début des années 2000, il était encore parmi les hommes de télé préférés des Français.
Il est passé à la postérité grâce aux nombreux imitateurs qui ont tenté de reproduire ses diatribes. On se souvient de Coluche dans un sketch sur la procession télévisée ou de Laurent Gerra commentant le mariage du Prince Charles avec Camilla Parker-Bowles.
Icône populaire à la réputation sulfureuse, Zitrone fait sans conteste partie du patrimoine national.
Voici une vidéo de Léon Zitrone qui acclame Eddy Merckx sur le Tour de France 1969 à l’occasion de l’étape Luchon-Mourenx:
Thierry Adam, représentant d’une nouvelle génération de commentateurs
Thierry Adam a lui aussi une réputation sulfureuse, mais dans le mauvais sens du terme.
Il est la parfaite illustration, selon les téléspectateurs, d’un journaliste du sérail qui se retrouve propulsé sur le devant de la scène sans avoir de connaissance particulière du cyclisme ni de talent d’orateur.
Il fait ses armes sur le Tour de France entre 2001 et 2006 sur les motos-son. En 2007, il prend la place d’Henri Sannier et se retrouve donc aux premières loges.
Malgré le soutien de Jean-Paul Ollivier et l’aide de consultants prestigieux comme Laurent Fignon ou Laurent Jalabert, Thierry Adam enchaîne les bourdes à un rythme effréné. Les spectateurs sont mécontents, mais France Télévision, d’un hermétisme à toute épreuve, fait mine de ne rien entendre.
Chauvin invétéré qui manque cruellement d’objectivité dès qu’il s’agit de parler d’un coureur français, Thierry Adam a été désigné par le site topjournaliste.com comme l’un des pires commentateurs cyclistes du PAF. Et pourtant, en 2016, il aura fêté ses 10 ans sur le Tour avec France 2.
Entre traductions ratées, commentaires à l’emporte-pièce et méconnaissance totale de son sujet, Thierry Adam continue de tracer sa route au plus grand dam des véritables amateurs de la Petite Reine.