Année après année, le Tour de France enchante les routes du pays. Depuis 1903, la légende de la course s’est forgée grâce à une foule de petites histoires croustillantes. Bien qu’il y en ait trop pour toutes les énumérer, certaines sont assez stupéfiantes et méritent d’être mises en lumière. Voici les 10 anecdotes les plus extraordinaires de l’histoire du Tour de France.


1904 : Maurice Garin menacé de mort

Maurice Garin, la première star du Tour de France

Maurice Garin est un précurseur. Pendant le Tour 1904, les règlements de compte sont nombreux. Lors de la première étape, Ferdinand Payan est éliminé pour avoir reçu une aide extérieure. Dans le même temps, Maurice Garin échappe à la patrouille alors qu’il avait lui aussi triché.

Arrivés à Nîmes, terre natale de Payan, un de ses adversaires, les supporters vont se déchaîner contre Garin. Après avoir évité les clous, ce dernier doit faire face à une foule en colère qui tente de le lyncher. Garin s’échappe de la mêlée déguisé en garçon de café. Avec l’humour qui le caractérise, il déclare que, s’il n’est pas assassiné, il sera vainqueur à Paris.

C’est lui qui arrive en tête de la course à Paris. Il sera cependant disqualifié quatre mois après la fin de l’épreuve, devenant le premier cycliste à être éliminé sur tapis vert. Cent ans après, on assistera au déclassement de Floyd Landis, de Lance Armstrong et d’Alberto Contador. Maurice Garin a tout inventé.


1910 : Adolphe Hélière, une bonne âme partie trop tôt

Adolphe Hélière fait partie de ces coureurs que le Bon Dieu a rappelés trop vite. Il a 19 ans lorsqu’il s’engage sur le tour. Mécanicien, il s’attire les moqueries des lecteurs du journal l’Auto qui ont parié 100 francs qu’il abandonnerait au bout de 3 étapes.

Non seulement il résiste plus longtemps que prévu, mais il s’arrêtait même en chemin pour porter assistance aux coureurs blessés. Il paiera sa charité chrétienne au prix nombreuses crevaisons et chute. Arrivé à Nice, il décide de dépenser le peu de sous qu’il a pour se payer un bon repas et une glace. Son déjeuner fini, il décide d’aller se baigner. Il mourra d’électrocution en entrant dans l’eau.

Alors qu’il doit être enterré à Rennes, sa ville natale, personne n’a d’argent pour rapatrier le corps. Dix mois plus tard, après une collecte des organisateurs et des spectateurs attendris par son histoire, Adolphe Hélière est inhumé dans sa Bretagne natale.


1911 : les mystérieuses crampes d’estomac de Paul Duboc

Paul Duboc n'a jamais remporté le Tour de France cycliste

Duboc est le grand favori du tour 1911. Dans la montagne, rien ne l’arrête. Jusque dans les Pyrénées, le Normand écrase la concurrence. Mais dans le Tourmalet, il est victime de violentes crampes d’estomac. D’après lui, un bidon de ravitaillement serait en cause.

Paul Duboc perd 45 minutes et termine le tour de France en deuxième position, derrière Gustave Garrigou. Empoisonnement ou coup du sort ? Un siècle plus tard, le mystère demeure encore. Dans sa carrière, Duboc a remporté 5 étapes du Tour, mais n’a jamais gagné l’épreuve.


1932 : les folles aventures d’André Leduc

Le coureur français a remporté le Tour 1932 avec 24 minutes d’avance sur l’Allemand Stoepel. C’est à cette époque qu’est lancée la caravane du tour. Lors d’une journée de repos, il a invité à déjeuner chez des commerçants en compagnie de Marcel Bidot, son ami. Pendant le repas, la femme du commerçant ne cesse de le complimenter.

Après le digestif, cette dernière l’invite à aller voir les estampes japonaises dans une pièce voisine. Marcel Bidot, qui a compris le manège de la commerçante, décide de détourner l’attention du mari en poursuivant la conversation avec lui pendant que son ami s’ébaudit dans le petit salon.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, André Leduc distribue des tracts pour la résistance. Il est arrêté par un officier allemand, qui le reconnaît par miracle. Après l’avoir complimenté sur sa victoire en 1932, il décide de le relâcher. Qui a dit que les Allemands étaient revanchards ?


1947 : Jean Robic offre un Tour de France à sa femme

Jean Robic et sa femme Raymonde

Avant le départ du Tour de France 1947, Jean Robic épouse Raymonde dans un bar de Montparnasse. Biquet n’a pas d’argent et sa femme n’a pas de dot, car ses parents sont de modestes tenanciers de bar.

Au lendemain de la nuit de noces, il lui fait la promesse suivante : je suis peut-être pauvre, mais je peux t’offrir la première place sur le Tour de France. Dans la foulée, le Tour part de Paris. Trois semaines plus tard, Biquet remporte l’épreuve et revient vers sa femme avec le maillot jaune.


1950 : règlement de compte franco-italien dans les Pyrénées

Gino Barteli, accusé par les spectateurs d’avoir fait tomber Jean Robic, se fait violemment agresser dans les Pyrénées. Des spectateurs en furie se jettent sur lui… un couteau dans une main et un saucisson dans l’autre. À l’arrivée de l’étape, l’équipe d’Italie dont il fait partie se retire de la compétition. On frôle l’incident diplomatique.

Le tour continue, mais l’organisateur, Jacques Goddet, décide de raccourcir la quinzième étape qui devait à l’origine relier Nice à San Remo. Nul doute que les Italiens avaient ourdi une vengeance et qu’ils attendaient que le peloton franchisse la frontière pour mettre leur plan à exécution.


1960 : Arrêt-surprise à Colombey-les-deux-Eglises

Le Général de Gaulle accueille les coureurs en sa demeure de Colombey-les-Deux-Eglises

Le Général de Gaulle est un homme à qui l’on doit le respect. L’organisateur du Tour 1960, Jacques Goddet, décide de faire arrêter le peloton à Colombey-les-Deux-Eglises lors de l’étape Besançon-Troyes. Dans sa demeure, le Général accueille les coureurs et salue le maillot jaune, l’Italien Gastone Nencini.

Cependant, les coureurs étrangers ne comprennent pas pourquoi le peloton s’est arrêté dans le village. Ne sachant pas vraiment où ils sont, ils en profitent pour uriner dans le parc du château. Pierre Beuffeuil, largement distancé à l’entrée de Colombey-les-Deux-Eglises, en profite pour fausser compagnie au peloton et rejoindre l’arrivée avant tout le monde. En voilà un qui ne respecte rien.


1964 : Anquetil défie un mage qui avait prédit sa chute

Lors du Tour de France 1964, Jaques Anquetil est invité avec sa femme à des festivités organisées par la Principauté d’Andorre. Au menu : cochon grillé et sangria. Le normand boit et mange plus que de raison si bien que le lendemain, quand il remonte sur son vélo, il n’est pas de première fraîcheur. Pourquoi s’est-il laissé aller à un tel comportement ? Parce qu’un mage, lors de l’étape précédente, lui avait prédit un accident.

Par la suite, Anquetil s’est acharné à prouver que ce mage était un charlatan. Il est venu à bout de Poulidor et de Bahamontes. Au lendemain de son repas dantesque, il a perdu 4 minutes dans la montée de l’Envalira, mais a refait son retard à la faveur d’une descente incroyable où il frôlé la mort de nombreuse fois. En homme orgueilleux, Anquetil ne pouvait pas laisser un mage avoir raison.


1997 : Le piano remplace l’accordéon et signe la fin d’une époque

Le pianiste François-René Duchâble

Depuis les années 50, l’accordéon faisait partie du Tour de France. Yvette Hoerner avait ses entrées dans la caravane. Ce folklore a longtemps contribué à donner une image champêtre de la France et des Français. Mais en 1997, tout change. L’accordéon est remplacé par le piano.

Au clavier, on retrouve le rebelle et anticonformiste François-René Duchâble. Ce dernier joue du Liszt et du Bach au sommet du Tourmalet. Le 14 juillet, au lieu de l’ambiance musette, les spectateurs ont le droit à du Chopin. Résultat : Laurent Brochard et sa coupe mulet s’imposent à Paris. La fin d’une époque, on vous dit.


1997 : Richard Virenque tente d’acheter Marco Pantani pour contrer Ullrich

Virenque, roi du bakchich ? Oui oui. Alors que Jan Ullrich est en fâcheuse posture dans les Vosges, Virenque tente de l’assassiner en montant une échappée de toute pièce avec Olano, Pantani et Escartin. En amont, Virenque aurait proposé 1.500 € au pirate Pantani pour s’acheter son soutien.

Pantani a refusé et le coup d’État de Richard Virenque a échoué si bien qu’Ullrich s’est adjugé la victoire. Rappelons tout de même que l’Allemand avait accepté un pot-de-vin de Richard Virenque quelques jours auparavant pour lâcher la victoire de la 14ème étape, Le Bourg-d’Oizan/Courchevel. Entre le scandale de l’EPO l’année suivante et la corruption, la fin des années 90 furent terribles pour le cyclisme.