Les échappées ont toujours la faveur du public sur le Tour de France. Bien sûr, il y a cette image d’Épinal de l’homme qui décide de partir seul braver son destin. Il faut une bonne dose de courage et d’abnégation pour fausser compagnie au groupe et rouler seul.
Au cours de l’histoire, il y a eu de nombreuses échappées dont certaines sont entrées dans la légende. Dans le cyclisme moderne, très tactique, les longues échappées sont assez rares, car le coureur se fait toujours rattraper par un peloton qui décide miraculeusement de rouler en groupe. Mais depuis 1904, de nombreux coureurs ont réussi l’exploit d’aller chercher la victoire seul.
Certains coureurs sont connus pour avoir un tempérament de baroudeurs et ont rendus certains pronostiqueurs riches. Sur Zebet par exemple, on bénéficie d’un bonus de 150 € à l’inscription (plus de détails en cliquant sur ce lien). Imaginez combien vous pouvez gagner si votre baroudeur favori s’échappe et remporte l’étape !
Plus belle échappée : Albert Bourlon – Carcassonne-Luchon, 11 juillet 1947 (253 km)
Albert Bourlon n’a jamais fait une grande carrière. Outre un Paris-Bourges en 1947 et la 14ème étape du tour de France de cette même année, il n’a rien remporté.
Mais en ce 11 juillet, le Berrichon va rentrer dans le livre des records : il va réaliser la plus longue échappée solitaire de l’histoire de la course. Bourlon va pédaler plus de 253 km à près de 31 km/heure de moyenne et rejoindre Luchon avec plus de 16 minutes d’avance sur le Belge Norert Callens et plus de 22 minutes sur Jean Robic.
Au départ de la 14ème étape, Bourlon n’a qu’une idée en tête : mettre les gaz et empocher le plus de primes de course possible. En passant en tête à tous les points de passages, il collecte 100.000 anciens francs, soit l’équivalent de 160 euros.
Ce record tient encore, car, à l’heure actuelle, même les étapes les plus longues ne font pas autant que ce que Bourlon a parcouru seul. Rappelons au passage que Carcassonne-Luchon est une étape de montagne. C’est loin d’être une ballade de santé.
Pour l’anecdote, deux jours avant sa victoire, les commissaires l’avaient oublié dans le pointage des coureurs après la course si bien qu’il avait dû aller faire une réclamation. Après ses 252 kilomètres d’échappées, Bourlon est allé voir les commissaires et leur a dit « Vous m’avez vu, cette fois ? ». Bourlon s’est éteint en 2013 à Bourges.
Jacky Durand – Bergerac-Cahors, 11 juillet 1994 (152.5 km d’échappée)
Jacky Durand a été une attraction du tour de France durant des années. Durant sa carrière, il a été adulé pour son esprit de franc-tireur.
En 92, il frappe fort en remportant le Tour des Flandres en solitaire après 217 km d’échappée en solitaire. La légende était née. Jacky Durand est le prototype même des coureurs qui s’échappent d’abord et qui réfléchissent ensuite… pour le plus grand bonheur des spectateurs.
Le Limougeaud va marquer de son empreinte la dixième étape du tour de France 94. Il va remporter la première des 3 étapes de sa carrière. Sur les routes du Périgord, Gianluca Bortolami prend la tengente dès le début de l’étape. Au bout de 8 kilomètres, Jacky Durand le rejoint. Puis c’est au tour de Stephen Hodge et de Marco Serpellini de venir compléter l’échappée. Les quatre hommes roulent pendant plus de 150 kilomètres ensemble. Jacky Durand va tirer la langue à quelques endroits du parcours, notamment dans les côtes de 4ème catégorie.
À dix kilomètres de la ligne d’arrivée, Bortolami crève. Jacky Durand sent le bon coup et fausse compagnie aux deux autres coureurs. Serpellini tente de prendre le train, mais n’y arrive pas. Quant à Stephen Hodge, il n’essaie même pas de suivre le Français. Le jeune champion de France s’envole vers la victoire d’étape. Comme il l’a confié à Marie-Hélène Degaugue : « Je me rappelle très bien du dernier kilomètre avec le public qui tapait dans les panneaux publicitaires. Tous les spectateurs attendaient la victoire d’un Français pour ce tour ».
Cédric Vasseur – Chantonnay-La Châtre, 10 juillet 1997 (147 km d’échappée)
Le coureur de chez Gan s’est révélé au grand public lors de la cinquième étape du tour 97. Avant son raid solitaire de 147 km, le natif de Hazebrouck avait fait deuxième au grand Prix de la Ville de Lillers en 94 et en 97.
À cette époque, Jan Ullrich dominait les courses à étapes. Marco Pantani faisait des siennes en montagne. C’est aussi l’époque des sprinters comme Cipollini et Erik Zabel. Du côté français, les chouchous s’appellaient Laurent Brochard, Richard Virenque et Frédéric Moncassin
Entre Chantonnay et La Châtre, le coureur de 27 ans s’échappe après 120 km de course et remporte l’étape à la force de ses mollets. Étant donné que cette étape n’était que la cinquième et que la montagne n’avait pas encore commencé, personne n’a roulé pour essayer de le rattraper. Le groupe de poursuivant, emmené par Stuart O’Grady, termine à 2’32.
Cédric Vasseur est le digne successeur de son père Alain, qui a remporté la 8ème étape du tour de France 1970.
À la suite de cette étape, Vasseur endosse le maillot jaune et le conserve durant 3 jours. Après une première étape dans les Pyrénées, Vasseur n’a que 14 secondes d’avance sur Ullrich. Alors qu’il sait que le maillot va lui échapper sur la route d’Andorre-Arcalis, Vasseur tente de s’échapper. Cette attaque est vouée à l’échec. Le Nordiste n’en a cure, il court pour le panache.
Bien évidemment, Ullrich part dans sa roue et le lâche dans le final. Pire, l’Allemand en profitera pour écraser la concurrence et prendre une avance telle que ses concurrents ne le rattrapperont jamais.
Voici un résumé de l’échappée victorieuse de Cédric Vasseur
Richard Virenque – Lodève-Mont Ventoux, 21 juillet 2002 (21 km d’échappée)
La victoire de Virenque au somment du Ventoux restera éternellement dans les mémoires. Premièrement parce que le coureur a prouvé qu’il pouvait gagner étant « clean ». Deuxièmement parce que Lance Armstrong, qui écrase à ce moment-là la concurrence, a semblé impuissant.
En ce jour de juillet, la chaleur est écrasante. Virenque est dans une échappée de 11 coureurs avant d’aborder le Ventoux. Sur les premiers lacets du Ventoux, il s’échappe en compagnie de Botcharov. Il lâchera le Russe à 9 kilomètres de l’arrivée, quand Armstrong commencera l’ascension.
Au moment d’attaquer le Ventoux, Armstrong se retrouve coupé de son équipe et face à deux coureurs de chez Once, Beloki et Azevedo. Le reste de son groupe est composé de Rumsas, Basso et Mancebo. Dans la montée, Beloki tente de faire plier l’Américain, mais le coureur de l’US Postal contre-attaque et lance la chasse. Virenque résiste et s’impose en solitaire. Plus que la victoire, ce sont les images de Virenque, sous un soleil de plomb, montant seul le Ventoux comme un bagnard qui sont restés dans les mémoires.
Revivez la victoire de Richard Virenque en vidéo :